hamac aux histoires

Papoti dans la classe

Un matin printanier dans la classe. Ce matin, ils n’ont pas vraiment envie de m’écouter. Je leur présente un nouveau livre à « l’heure de l’histoire », mais ils ne sont pas dedans. Il y a des matins comme ça, ça arrive. Alors plutôt que de crier, je me mets à les écouter. Je laisse traîner mes oreilles dans leurs conversations d’enfants. Je m’arrête sur Nourredine et Manuella, assis au sol du coin regroupement, tous deux très concentrés sur leurs aventures :

« Moi, ma maman, elle est méchante, dit Manuella.

  • Elle est méchante ta maman ? demande Nourredine
  • Oui, elle est méchante parce qu’elle tape fort.
  • Moi aussi ma maman, elle est méchante, elle tape fort.
  • Des fois elle tape fort, des fois elle tape pas fort.
  • Et ben moi, mon papa, des fois, il tape avec la c…. »

Et le mot chuchoté s’éteint dans le brouhaha. Pas étonnant que mon histoire sur les arbres ne les intéresse pas ce matin.

Des familles que je vais devoir prendre en RDV, pour leur raconter, leur expliquer, leur conseiller de lire les quelques livres que nous avons sur la parentalité. Les liront-ils ? M’accuseront-ils de me mêler de ce qui ne me regarde pas, que dans leur culture c’est comme ça ? Que leur enfant le mérite bien ? Les enfants se feront ils gronder ou taper pour avoir parlé à l’école ?

Si seulement j’avais une loi claire interdisant tout geste de  violence éducative sur laquelle m’appuyer pour protéger mes petits élèves de 3 et 4 ans.

hamac aux histoires·sur le sofa

La suite des contes de fée…

Tout le monde connaît les histoires où la princesse a attendu dans son donjon que son chevalier vienne la delivrer. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. Heureusement que l’histoire s’arrête là.

La suite, la voilà :

Le prince la délivre,  ils s’installent ensemble dans un petit logement de fortune, et elle, comme c’est une fille, fait des tas de projets.

Les premières années, ils sont super heureux. Ils croquent la vie. Ils ont d’abord un, puis deux, voire trois enfants, parce qu’après ça fait beaucoup. Ils achètent une jolie maison dans une banlieue pas chère. La princesse est alors tellement occupée qu’elle ne peut penser  à rien d’autre qu’aux couches, aux biberons,  aux courses, au ménage, au rendez-vous chez le pédiatre, etc.

Un jour là princesse reprend son travail. Elle bosse toute la jouruée,  va chercher les enfants à l’école, aide aux devoirs, va de rendez-vous en activités périscolaires, range sa maison, pépare le dîner,  les soins, le bain, etc.

Elle se lève  de plus en plus tôt et se couche de plus en plus tard, s’irrite pour un rien, s’agite,  ne se pose jamais. La princesse réalise alors qu’ils sont loin ses rêves où elle imaginait être une maman sereine , élevant ses enfants dans un cadre accueillant. Elle se retrouve à travailler pour payer son crédit immobilier, court toute la journée, crie sur ses enfants et prend des antidépresseurs pour supporter un cade de vie devenu trop stressant.  (À suive)

hamac aux histoires

Il ne va pas bien

Samy ne se plaît pas à l’école. Il est en classe de petite section. A peine rentré en classe le matin, il retourne toutes les caisses de jeux, refuse de ranger, tape ses copains, jette les jouets à travers la classe, fait du bruit, s’agite. La maîtresse est inquiète. Bien sûr elle a rencontré les parents. Elle a demandé l’aide de la psychologue scolaire qui est venue l’observer. Elle aussi est très inquiète. Elle pense que l’enfant aurait besoin de soin. Les autres parents commencent à se plaindre. Les semaines passent, l’attitude de Samy empire. Les autres enfants ont peur de venir à l’école. La maîtresse s’épuise. Le père de Samy refuse de voir que son fils à besoin d’aide. Lui aussi était comme ça petit. Il refuse toute aide que l’école pourrait apporter.

Questions

Comment aider Samy ?

Comment expliquer à certains parents que la génétique n’est pas une fatalité ?

Que leur enfant n’est pas leur clone ?

Qu’il existe aujourd’hui des solutions pour aider les enfants ?

Que leur enfant à besoin d’aide?

 

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Le stylo rouge

Dans une salle d’attente, la femme à côté de moi corrige ses copies. Sa fille lui demande pourquoi l’auteur de la copie avait mis 3 points d’exclamation après son  titre. La prof n’en avait pas la moindre idée.

Son stylo rouge en main, elle corrigeait, entourant, barrant, soulignant de trois ou 4 traits les fautes. Elle appuyait si fort que le stylo l’abandonna,  elle prit alors un feutre rose, et continua,  en mettant plein de commentaires avec des flèches et …. plein de points d’exclamations. !

Question

  • Que va ressentir l’enfant quand il va recevoir sa copie ?

 

Chers profs, arrêtez de torturer les élèves de votre stylo. Vos points d’exclamations,  vos Oh !!!!!!! appartiennent à un autre temps. Il serait temps de passer à la correction bienveillante et intelligente !

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La punition

(Pour aborder le sujet d’une bonne et mauvaise punition, et faire réagir les enfants sur l’injustice)

Je m’appelle Antoine, j’ai 4 ans et je vais tous les jours à l’école, en classe de moyenne section. Le matin je n’ai pas trop envie de venir à l’école, je préférérais rester chez moi.

A l’école, il y a trop de monde, trop de bruit, et je ne peux pas jouer tout le temps avec le camion rouge. Il y a toujours Rémi qui veut prendre ce camion rouge, alors on se dispute et la maîtresse se fâchr. Elle se fâche out le temps la maîtresse, elle ne veut pas que je grimpe sur la table, alors elle m’asseoir tout seul sur une chaise, elle ne veut pas que j’attrape un objet sur le grand bureau, alors elle me crie dessus, elle se fâche quand je mords Lucie, elle m’attrape par le bras quand je cours partout dans la classe. Tout le temps. Un jour, Albin a arraché les pages du cahier jaune de la maîtresse, celui qui s’appelle le cahier d’appel. La maîtresse est devenue toute rouge, elle a crié très fort, a tapé son poing sur la table, elle m’a  regardé avec des yeux tout noirs. Elle m’a  attrapé sous son bras, et elle m’a  mis tout seul dans le grand couloir tout vide.

 

Question

Que s’est-il passé ?

Que ressent ce petit garçon ?

Qu’aurait dû faire la maîtresse ?

Quelles punitions proposez-vous pour la classe ?

hamac aux histoires

La vieille

C est l’histoire d’une petite vieille qui monte dans un bus. Il est 16h20. La sortie des écoles.  Le bus étant au terminus, des places sont encore vacantes. Un petit gars, environ 11 ans est déjà assis, et comme tous les petits gars de 11 ans, il fanfaronne gentiment avec son copain. Un vrai petit gars de 11 ans.

La vieille s’approche alors de l’enfant, et lui dit dans ses mots et sur un ton très autoritaire:

_ Tu te lèves et tu me laisses ta place !

Le sourire du petit gars s’éteind, il se recroqueville au fond du siège et demande à cette dame de répéter.

_ Bah oui, je suis plus vieille que toi, tu te lèves et tu me laisses ta place !

Le petit gars explique qu’il n’est pas sur une place prioritaire. La vieille va alors retrouver sa copine assise un peu plus loin, demande une place aux places prioritaires et critique haut et fort ce petit gars fort mal poli, et il n’y a plus de jeunesse et patati et patata.

Le bus poursuit sa route.

Au moment de descendre, la vieille se place de nouveau devant le petit gars :

_ T’es vraiment mal poli toi, tu ne m’as pas laissé ta place. T’es un vrai connard, ah ça oui, t’es un vrai petit connard.

(Discussion :

_ Qui est mal poli dans l’histoire ?

_ Que doit ressentir ce petit gars ?)

Suite de l’histoire :

Assise derrière ce petit gars, je n’ai pu m’empêcher de remettre la vieille à sa place, lui disant que si elle avait été plus polie pour demander la place, peut-être que l’enfant lui aurait laissée. Elle a fui mes propos, elle est descendue. Le petit gars aussi, apeuré par cette vieille malpolie.

Chères personnes d’un âge avancé, vous qui incarnez la sagesse, l’éducation ď’un autre temps, le respect, commencez par montrer l’exemple à nos enfants. Votre grand âge ne vous absout pas de politesse. Et ne soyez pas étonnée, si vous parlez aux enfants comme à des chiens, qu’ils vous rendent la monnaie de votre pièce.

 

 

 

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Martha, jolie petite fille

Martha est une jolie petite fille. Toujours bien habillée, avec de jolies robes,  petites chaussures et noeuds dans ses belles boucles brunes assorti à sa tenue. Martha est très polie, gentille, discrète,  et a toujours le sourire. Elle vient d’arriver dans sa nouvelle école, et bien sûr, au bout de quelques jours, elle se fait  de nouvelles amies, Lily et Julie, et  sa maîtresse l’adore. Mais Martha commence à regretter son ancienne école et se plaint de la nouvelle. Alors Lily et Julie  font de leur mieux pour lui venir en aide : dès qu’elle a besoin de quelque chose, ses amies sont là, elles lui donnent plein d’idées, et puis elle est si polie et a un si joli sourire. Pourtant Martha se plaint de plus en plus, veut toujours plus d’aide, demande toujours plus d’attention. Mais toujours avec son sourire.

Et puis un jour, c’est  Lily qui a besoin d’aide. Martha, comme toutes les amies, est sollicitée, mais Martha refuse d’aider Lily,  estimant que les problèmes de Lily sont moins importants que les siens. Un peu plus tard ses copines apprennent qu’en fait, elle aussi a plein d’idées, mais ne les a jamais partagées, et pire, qu’elle est allée dire du mal de sa nouvelle école à ses anciennes copines.

Discussion :

A ton avis, que pensent Lily et Julie ?

Comment vont-elles réagir ?

Comment se sentent-elles ?

Pourquoi ?

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La porte de la cage

Comme un oiseau, je suis dans une cage. Enfermée. Et je rêve de paysages, de voyages, de liberté, du soleil à son coucher, de montagnes, d’océans, de me poser sur un arbre, de voler en solitaire ou en compagnie. De voler, de voler.

Pendant des années j’ai tenté de pousser de toutes mes forces sur la porte pour l’ouvrir. J’ai cherché les clés. J’ai appelé, j’ai crié pour qu’on vienne l’ouvrir. On m’à entendue, des spécialistes se sont méme penchés sur mon cas pour m’aider à trouver la sortie, pour me faire réfléchir. Mais je suis restée seule dans ma cage et j’ai attendu. Longtemps, très longtemps. Jusqu’au jour où…

Jusqu’au jour où j’ai compris que la porte ne pouvait s’ouvrir que de l’intérieur, que c’est moi qui avais construit cette cage. Je pensais y être née, que mes parents m’y avaient déposée pour que je sois en sécurité, protégée d’un monde hostile. Mais à chaque « non », à chaque critique parentale, j’avais érigé un barreau, à chaque échec, à chaque blessure, je m’étais un peu plus enfermée. Alors, j’ai compris et j’ai tiré la porte, et la cage s’est ouverte ! Les barreaux sont tombés ! Et je me suis envolée …

 

Aujourd’hui je vole. J’ai toujours des souvenirs de ma cage, des blessures et des regrets, mais je vole. Et j’essaye d’apprendre de mes échecs pour les dépasser, j’essaye de voir plus loin pour me guider.

Et surtout, en tant que maman, j’observe doucement mes enfants pour ne pas les laisser s’enfermer dans une cage.