étagère spirituelle·coussin poétique

Le bon moment

Quand sortir de chez soi devient pesant,
Quand s'installer à son bureau s'accompagne d'un soupir,
Quand allumer son téléphone prime sur l'ouverture des dossiers,
Quand compter les minutes avant la pause déjeuner se fait routinier,
Quand regarder les nuages par la fenêtre devient distrayant,
Quand arroser les plantes est plus épanouissant,

Alors il est temps.

Il est temps de regarder vraiment ailleurs.
Il est temps d'écouter cet appel au fond de soi. 
Il est temps de sortir de soi, de sa bulle de confort.
Temps d'écouter ses besoins, ce nouveau souffle qui nous anime, cette envie d'autre chose.
Temps d'ouvrir ses antennes, de libérer tous ses sens, de se mettre à l'affut des signes.
Temps de laisser venir, d'accueillir le changement, le renouveau, de faire confiance.
Temps de concevoir qu'une porte se ferme.

Accepter.
Prendre le temps de la fermer.

Fermer la porte.

Respirer.

Et ouvrir la nouvelle porte.

Plonger.

coussin poétique

Pour toi, la vie

Je voudrais te donner mes bras
pour porter tes tracas

Je voudrais te donner mes jambes
pour que tu avances sans que tu trembles

Je voudrais colorer ton univers
être ton rayon de lumière

Je voudrais être une étincelle
pour te rendre la vie plus belle

Je voudrais ressembler à Elmo
avec son rire si rigolo

Je voudrais être une cane à pêche
pour aller  à ta recherche

Je voudrais être un rayon de lune
pour éclairer ton quotidien nocturne

Je voudrais être le printemps
pour t'aider à renaître doucement

Je voudrais être un cri
pour expulser ce qui te nuit

Je voudrais être une larme
pour nettoyer ce qui te désarme

Je voudrais enlever tes douleurs
et libérer ton cœur

Je voudrais chasser ta peine
toutes tes colères, tes haines

Allez, il faut te réveiller
ta force, au fond, aller puiser

Je sais que je suis partie
j'avais besoin d'un abri

Je n'étais moi même pas en état
d'écouter ce qui ne va pas

J'ai cru que tu voulais m'oublier
ailleurs je me suis réfugiée

Je n'ai pas vu ta fragilité
j'ai cru que tu pourrais surmonter

J'ai cru que tu avais la même force que moi
j'ai cru que j'étais toi

J'ai gommé nos différences
ma petite jumelle de mon enfance

J'ai cru que tu pouvais tout écouter
pourras-tu un jour me pardonner ?

J'en crève de te voir t'enfoncer
te regarder te noyer sans rien t'apporter

Allez, il faut te réveiller
on retournera s'amuser

Je sais que c'est une sacrée épreuve
mais dis-toi que ta vie sera toute neuve

Dis-toi que tu peux tout recréer
piocher de nouvelles cartes à jouer

Regarde au loin l'horizon
garde la cap dans ton champ de vision

Fais revivre ton imagination
pour créer un monde à ta façon 

Ne te retourne pas sur le passé
continue ton chemin pour avancer

Aujourd'hui tu oses un premier pas 
demain un autre, doucement tu y arriveras

Allez, réveille-toi
regarde moi, je suis là, pour toi

Allez, réveille-toi
c'est maintenant, vas-y, va...



coussin poétique

Invitée

Elle est arrivée avant hier, en fin d’après-midi, avec ses bagages gris et sa fraîcheur. Nous nous préparions à la recevoir. Nous étions sur la terrasse, nous la rangions en conséquence. A peine a-t-elle franchi la grille du jardin, nous avons su qu’elle s’installerait chez nous un bon moment.

Quand elle vient ainsi, aussi douce et lourde, elle me rappelle mes souvenirs d’Afrique. Là-bas, c’est toujours une joie de la voir arriver. Les enfants crient et courent pour l’accueillir. Ici, nous avons tendance à nous cacher, à nous protéger, mais il est vrai que sa froideur nous agace souvent.

Elle est arrivée avant hier, elle est encore là aujourd’hui. J’aime son odeur, ses bienfaits, tout ce qu’elle va laisser derrière elle. J’aime son murmure, je pourrais l’écouter pendant des heures. Bien sûr, nous irons moins au jardin, nous resterons douillettement à l’intérieur pour la regarder. La pluie.

coussin poétique·par la fenêtre

L’invitation dans le jardin

Il est des fleurs de printemps que l’on voit chaque année.

Il est des fleurs qu’on redécouvre dans son jardin.

Il est des des enfilades de cerisiers à proximité.

Et la coronille si odorante que je ne pouvais jamais sentir.

Impossible de regarder ailleurs qu’autour de soi.

Le paradis vivant de nos jardins.

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. »

coussin poétique

Enfin

C’est le silence. Plus un bruit. Neige-t-il ? Non, par la fenêtre ouverte, le soleil est là. L’air embaume l’arrivée du printemps.

Plus d’avion dans le ciel, plus de train au lointain. Les rues sont désertes de véhicules, de passants. Les rideaux sont baissés.

Les oiseaux, les bourgeons, les abeilles reprennent leurs droits.

Seuls signes de vie, du temps qui passe.

La nature se réveille.

Plus un bruit humain, comme seul au monde.

Et si nous écoutons bien, si nous tendons l’oreille, nous pouvons entendre la terre enfin respirer.

coussin poétique

Comme c'est étrange

Comme c’est étrange de se dire à bientôt plutôt qu’à lundi,

comme c’est étrange de ne pas savoir quand on va se revoir,

comme c’est étrange de ne pas compter les dodos avec ses petits élèves de 4 ans avant de se retrouver,

comme c’est étrange de leur préparer des petits devoirs à faire à la maison,

étrange de faire un métier « humain » et de devoir travailler en ligne,

étrange de vivre un PPMS (Plan Particulier de Mise en Sûreté) national,

étrange de voir les magasins se vider, de craindre la pénurie, alors qu’on est les champions de la surconsommation,

étrange de ne rien programmer alors qu’on gère des emplois du temps de ministre,

étrange d’avoir du temps, seul, en famille, avec ses enfants,

étrange d’éteindre le réveil alors qu’on n’est pas en vacances,

étrange de devoir rester chez soi

étrange de vivre dans l’hyper communication et de rester isolé,

étrange de vouloir se réconforter alors qu’on ne peut se toucher,

étrange de voir le printemps arriver alors que le temps s’est arrêté,

étrange de vivre autrement,

étrange de penser autrement.

coussin poétique

Quai de gare

J’me sens bizarre à l’intérieur

quand j’te laisse sur l’quai d’la gare

j’ai mal au ventre, j’ai mal au cœur

j’ai le sourire au bord des larmes.

Pour une journée, pour une semaine,

que tu sois seul, avec tes potes,

c’est toujours la même rengaine

cette lame de fond qui, loin, m’emporte.

Tu dois grandir et je le sais

avec confiance et liberté

et je suis fière de te guider

dev’nir adulte et t’envoler.

Mais quand tu prends ta vie en main,

te regarder, te voir partir,

au fond de moi ça me déchire,

l’amour d’une mère pour son gamin.