par la fenêtre

Dans une goutte d’eau

L’épaisse couche nuageuse s’en va. Depuis un mois, elle s’est installée. Là, au-dessus de nos têtes. Elle s’est posée comme une barrière entre le soleil et la terre. Depuis un mois la pluie tombe, parfois en journée continue. Le sol est trempé, partout des inondations. Tel un déluge de 40 jours. De la pluie chaque jour, comme si la nature avait eu besoin de nettoyage.

Nous étions enfermés dans nos maisons, sous nos parapluies, dans nos parkas, derrières nos masques. Hermétiques au vent et à l’eau. Méfiants de tout, de cette nature trop humide, de l’homme et ses microbes, et surtout de la vie elle-même. Murés derrière nos fenêtres à écouter par média les recommandations : vous ne devez plus sortir, vous ne devez plus vous rencontrer, vous ne devez plus vous toucher, vous ne devez plus travailler, vous ne devez plus respirer, vous devez nous écouter, vous devez rester chez vous à regarder la pluie tomber. Chacun coincé dans sa goutte d’eau.

La fin de cette couche nuageuse est bien là. Ce matin au réveil, on en perçoit très bien la délimitation, elle dessine une courbe dans le ciel. Derrière elle, le bleu du ciel, le soleil et la chaleur retrouvés.

par la fenêtre

Ski de fond

La vie ressemble à une piste de ski de fond. On chausse et c’est parti. On commence par chercher son équilibre, puis on avance. Chacun à son rythme. Certains ont des facilités et vont plus vite, tandis que d’autres ont besoin de plus de temps et se traînent davantage. Certains auront un handicap et s’arrêteront sur le côté, d’autres essaieront de dépasser leurs limites.

On suit la piste dans les rails tous tracés. Ne pas trop se retourner, pour ne pas se planter ; ne pas trop regarder le bout de ses skis pour avancer. Regarder devant et suivre son chemin.

Parfois on est obligé de sortir des rails et on se retrouve un temps déstabilisé. Parfois ça grimpe. On doit changer de technique, s’adapter, on fait plus d’effort et on est content d’arriver en haut. Parfois la pente est plus raide en descendant. Si on se raidit trop, si on crispe, si on manque de confiance, si on résiste, si on réfléchit trop, c’est la chute assurée. Cela peut être douloureux, mais on finit le plus souvent par se relever, retrouver son équilibre puis repartir. Se laisser glisser. Se faire confiance, en soi et dans son corps. Lâcher prise.

La vie, c’est comme le ski de fond, un jeu d’équilibre où l’on avance inexorablement.

par la fenêtre

Orages d’été

Les premiers orages de la saison. L’été nous annonce doucement sa fin, et la fin des vacances.

Ce matin, il a éclaté à l’aube. Le meilleur moment pour les orages. Entendre de son lit la pluie tomber. Frémir à la lueur d’un éclair. Compter les secondes pour évaluer la distance. Ecouter le long roulement du tonnerre.

L’orage s’éloigne.

Se lever. Ouvrir la porte fenêtre de la cuisine et se laisser envahir par l’odeur du sable et des pins mouillés. Préparer le petit déjeuner. Mettre l’eau à bouillir. Attraper un fruit à savourer dans l’entrebaillement de la porte fenêtre. Ecouter les dernières gouttes de pluie tomber des arbres. Etre là.

par la fenêtre·tapis du bonheur

L île de Batz

Rien. Rien, il n’y a rien que quelques maisons, le large tout autour, nous deux sur un sentier, le vent dans mes cheveux, la mer à perte de vue, le bleu des agapanthes, l’odeur iodée, un phare dans le lointain, un parfum d’exotisme, une plage de sable blanc, le clapotis de l’eau sur les galets.

Rien. S’arrêter là. Se poser là. Rien que ce sentiment d’infinie liberté.