sur le sofa

Envie d’ailleurs

(attention, ça pique)

Elle vient comme ça. Un matin. Souvent on ne l’a pas vue arriver. Si sournoise, elle se cache. Elle attend son heure. On se réveille, on sent qu’elle est là. Mais déjà, on est trop faible pour la renvoyer bouler. Elle vient nous envelopper comme une chaude couverture. On sait qu’il va falloir lutter de toutes ses forces, aller chercher au plus profond de soi pour résister.

J’en ai fait des nuits blanches, des soirées à l’oublier, les yeux cernés, l’haleine alcoolisée, défoncée. Pour faire comme si. Pour vivre sans elle. J’ai voyagé au bout du monde pour la laisser derrière moi. J’en ai fait des analyses pour comprendre son cheminement. Et j’ai réussi. J’ai trouvé une raison de continuer, une lumière pour avancer les yeux ouverts, qui permet de voir de l’autre côté du mur, sans pour autant le traverser. J’ai vécu un temps ainsi. Mais elle est revenue. Elle revient toujours. Elle reste tapie au plus profond de soi.

Reprendre le combat. Chercher à l’éloigner. Se lever, continuer, se coucher et demain recommencer la théorie des petits pas. Pourquoi moi ?Pourquoi revient-elle ? Pourquoi maintenant ? Est-ce héréditaire ? Mes enfants la rencontreront ils ? M’en parleront ils ? J’ai hésité à en avoir, pour ne pas leur transmettre. Continuer à chercher, à comprendre pourquoi. Analyser. Lutter et la voir partir de nouveau.

Au fur et à mesure des années, j’ai compris qu’il est possible de s’en protéger. J’ai construit mes barrières. Toujours plus hautes, comme une forteresse. Se faire aider. La décortiquer. La déconstruire. Se connaître assez pour devancer son retour, sentir le vent tourner et ralentir son rythme, se reposer, dormir, se bouger aussi, puiser sa force dans la connaissance de soi, rester vigilant, garder l’esprit ouvert. Regarder le passé et être fier des épreuves surmontées, regarder le futur, mais pas trop loin pour ne pas paniquer. Garder près de soi ses victoires, ses espoirs comme un phare. S’entourer. S’appuyer sur une épaule solide. E trouver une raison d’être. Une passion de vie. Un équilibre. Aligner son âme et son corps. Et si elle venait de là finalement ? De ce déséquilibre de l’être et de l’âme ? Construire sa forteresse. Garder une lampe allumée, grimper de temps en temps en haut de la tour pour surveiller l’horizon, et retarder le plus longtemps possible l’envie de suicide.

3 commentaires sur “Envie d’ailleurs

  1. L’envie d’ailleurs, l’envie d’espoir, l’envie de vie….La vie, notre vie qui crée ce désespoir mais qui est aussi plus forte que le désespoir. Alors se donner la force chaque jour de combattre ce désespoir, ne pas s’y abandonner et laissez la place à l’Espoir pour continuer à converser avec son cœur…….

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  2. Salut Caro Lune,
    Très beau texte. Tu touches un point crucial ici.
    « Équilibre », « aligner son âme et son corps » c’est assez clair. Par contre la notion de « déséquilibre de l’être et de l’âme » pourrait laisser penser à un déséquilibre entre l’Être et l’âme. Hors les 2 sont du même bord et auraient besoin d’être alignés avec le corps dans lequel ils s’incarnent comme tu le dis dans la première partie.
    En tous les cas, merci pour cette réflexion profonde. Tu tiens la clé de l’énigme.

    Au plaisir d’en discuter peut-être.

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