(Début de l’histoire)
Arthur a 3 ans, il va à la maternelle, en petite section. Il ne parle pas très bien, et n’aime pas trop jouer avec les autres enfants, mais il semble heureux, a toujours le sourire. A la maison, il ne joue qu’aux petites voitures et regarde des livres. Il prend son temps pour faire les choses, marcher, parler, être propre, mais ce n’est pas grave, il a le temps et il y arrivera bien un jour. C’est un petit garçon beau comme le soleil, et si calme.
Arthur a 6 ans. Il va au CP. La maîtresse est inquiète car il n’a toujours pas envie de travailler, il a du mal à tenir son crayon. Sa maman l’emmène faire un bilan chez un spécialiste. Peut être qu’Arthur a quelques chose après tout. Alors tout le monde se met à vouloir l’aider : ses parents, la maîtresse, la dame de l’école avec qui l’on discute (la psychologue scolaire), la dame qui fait travailler les sons (l’orthophoniste), la dame qui fait travailler les mains (la psychomotricienne), le maître qui travaille avec un petit groupe d’enfants (l’enseignant du Rased). Arthur rencontre beaucoup de monde, mais il avance toujours à son petit rythme, il s’énerve plus vite, il est très autoritaire avec ses petits frères, et n’aime toujours ni travailler, ni tenir son crayon.
Arthur a 8 ans maintenant. C’est un grand rêveur, il décroche, ses devoirs sont un cauchemar, son crayon, son pire ennemi. Pourtant il rencontre toujours plus de monde qui continue à vouloir l’aider : ses parents, l’orthophoniste, la psychologue scolaire, la psychologue de la ville d’à côté, le psychologue du CMP, la psychomotricienne, l’enseignant du Rased.. Et tout le monde lui trouve quelque chose qui ne va pas : il est angoissé, il a des terreurs nocturnes, il est dyslexique, il est dyspraxique, il est dysorthographique, il est hypotonique, il n’a rien et fait juste un blocage, il est heureux de vivre et se sent bien, il est très mystérieux et retient quelque chose. Dans tout ce méli-mélo, ses parents sont perdus et Arthur, lui, il en a marre car il veut du temps pour jouer, Maman se fâche toujours autant avec ses devoirs qui restent un cauchemar, avec ses sautes d’humeur, avec son insolence, et son crayon, bah, il ne l’aime toujours pas davantage.
Alors que reste-t-il pour aider Arthur ?
L’hôpital ? Il sait bien qu’il va bientôt y aller. Est-ce pour ça qu’il a plus de cauchemars ?
(Discussion)
- Comment est ce petit garçon ?
- Quels problèmes rencontre-t-il ?
(Suite possible de l’histoire)
En fait Arthur est triste tout au fond de lui. Il est triste, mas il le cache, fait semblant. On dit alors qu’il fait une dépression masquée. Il a plein de choses qui s’accumulent dans sa tête, plus il grandit, plus c’est compliqué. Et toujours cette question qui revient : Maman, comment se sent-elle ? Quand il était tout petit, elle pleurait souvent et il essayait alors de la consoler. Elle fait un métier qui lui met plein de soucis dans la tête et qui lui prend beaucoup de temps, elle en parle souvent avec Papa. Et puis il sait qu’elle est très inquiète du fait qu’il n’y arrive pas à l’école, elle veut toujours que tout le monde travaille beaucoup, un peu comme elle, il sait qu’elle veut qu’il y arrive facilement, et cela la tourmente. Parfois elle est triste ou préoccupée, et il voit bien qu’elle ne va pas bien. Alors il sait qu’il la cherche pour savoir s’il peut compter sur elle ou s’il doit la consoler comme quand il était tout petit. Il aimerait bien y arriver, mais il ne peut pas lâcher sa maman; car cette question revient toujours : Maman comment se sent-elle ?
(Discussion)
- Comment faire pour l’aider ?
- Et toi, te sens tu triste aussi parfois ?
(Fin possible de l’histoire)
Maman voit un spécialiste elle aussi pour faire le point sur son travail, gérer ses problèmes, ses émotions, apprendre à coordonner sa vie de maman avec sa vie de femme active. Et elle prend du temps pour faire des choses qu’elle aime et qu’elle a mis si longtemps de côté : son besoin d’écriture, de dessiner, sa créativité. Créativité qu’elle partage d’ailleurs avec son fils. Ensemble ils créent des histoires, des bandes dessinées, des arts plastiques pour évacuer cette tristesse tout au fond. Elle passe plus de temps avec lui, du temps hors du monde des devoirs, du temps à rêver ensemble. Ce n’est pas toujours facile, mais elle essaye.
Quant à lui Arthur, il apprend toujours à faire travailler ses mains, sa tête avec des spécialistes. Il fait de plus en plus de progrès. Il sait qu’il aime dessiner des BD. Il a même vu que c’est un métier. Il sait aussi que Maman est là, qu’il peut compter sur elle. D’ailleurs là, ils sont occupés à lire une histoire …